Quand deux ne fait plus qu’un.

Rassemblés sous la bannière d’un nouveau groupe non loin de la célèbre formation de Black metal polonais Batushka, les membres de PATRIARKH veulent malgré tout se différencier par une aura complexifiée – davantage assombrie, plus nuancée et grandiloquente. Suivant désormais les directions de leur unique maître à penser, Bartłomiej « Варфоломей » Krysiuk, ce n’est donc pas sans s’inspirer de leur héritage orthodoxe que ces patriarches contemporains se disent prêts à mêler de nouvelles sonorités Doom et Folk dans leur tout premier album PROPHET ILJA. À votre homélie…

En effet, et s’inspirant de la célèbre histoire d’Eliasz Klimowicz connu pour avoir dirigé un mouvement sectaire au début du XXème siècle dans une région de Pologne, ce nouvel opus débute par WIERSZALIN I – notez dès à présent la redondance des titres qui n’est autre que la traduction polonaise du terme « verset ». De sorte que ce tout premier (vers) sert avant tout d’introduction au récit conté de cet homme parfois comparé au véritable prophète biblique Elias fait de chair, d’os, d’âme et de sang ; ne perdons pas de vue le pseudo syncrétisme aux visées consolatrices. Viennent donc se confondre à la mandoloncelle – vieil instrument folklorique du XVIIIème siècle, quelques ratures de crayon, laissant alors penser à l’écriture d’une nouvelle vénération attestée par des voix d’homme et de femme qui chantent des louanges. La noirceur termine le morceau et WIERSZALIN II s’engage furieusement. Toutefois, le leitmotiv atmosphérique et mélodieux ne se fait pas prier et se retrouvera tout au long de ce nouvel album. Les cris acérés surviennent aux deux tiers pour finir en beauté ; paradoxe illustré par Maciej Szupica. Passons à la troisième antienne. WIERSZALIN III est narré sur fond Folk. La magie de la religion orthodoxe tant prêchée par PATRIARKH s’y retrouve entremêlée : douce et puissante, poignante. Plus secrète et énigmatique, la voix sacrée reste sibylline, notamment lorsque les langues se bousculent. Roumain, Russe, vieux Slavon…, un mythe de Babel vraisemblable qui pourtant nous semble compréhensible. Les hurlements résonnent comme une ode. Retour aux notes mélodieuses et aux versets dictés. WIERSZALIN IV continue avec sa myriade de notes folkloriques et l’arrivée du chant à la MARIA ponctué par des cris. La dynamique reste cohérente avec la reprise de chœurs et d’une instrumentation saisissante. Rien n’est laissé au hasard et l’ajout du Doom donne du volume à ce qui pourrait ennuyer et paraître pour similaire. L’ensemble est épique et terriblement envoûtant. Les cloches closent le conciliabule. Le suivant verset n’a rien à voir. Ce prophète auto proclamé n’en a pas terminé. WIERSZALIN V ne lésine pas sur les accélérations de ce que nous connaissons de l’ancienne formation. Les percussions donnent le la au tempo doublement régressif et agressif. Les chœurs n’en n’échappent pas, soulignés par le drame transcendant qui se joue derrière eux. Mais revenons à ce que nous connaissons dans PROPHET ILJA et recentrons-nous sur l’ineffable grâce à la merveilleuse voix d’Eliza Sacharczuk suivie du timbre plus grave des chants masculins. WIERSZALIN VI est l’épitomé de ce tournant approfondit voulu par PATRIARKH anciennement Batushka ; ni plus ni moins, les deux ne font plus qu’un. Les corbeaux approchent, WIERSZALIN VII aussi. De longs passages d’instruments surannés s’entremêlent aux nôtres quand ce n’est pas des blast beats à plus de la moitié du temps. Les cris du « chœur » sont omniprésents. Nous voyageons. « Je est un autre. » disait l’autre… La fin commence. Une sorte de Yekteniya III refait surface auprès des pêcheurs – n’oublions jamais. La tension préfigure et alterne avec une cadence effrénée à la pointe Classique. Les chevaux hennissent, ils arrivent. C’est à n’y rien comprendre tout en restant homérique. Que voulez-vous, les voix divines sont impénétrables…

Interview avec Bartłomiej Krysiuk de PATRIARKH - Art'n'Roll Webzine

Liste des morceaux :
1. WIERSZALIN I
2. WIERSZALIN II
3. WIERSZALIN III
4. WIERSZALIN IV
5. WIERSZALIN V
6. WIERSZALIN VI
7. WIERSZALIN VII
8. WIERSZALIN VIII

 

 

 

 

 

Titre(s) emblématique(s) de l’album : WIERSZALIN IV, WIERSZALIN III, WIERSZALIN VI, WIERSZALIN VII.
Titre original : WIERSZALIN VI.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Aucun, l’album est cohérent.

17/20

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