Le château d’Hérouville est aujourd’hui un studio d’enregistrement hightech reconnu mais pour les musicologues avertis, c’est aussi un énorme morceau d’histoire de la production musicale principalement Rock. Ce livre propose de revivre cet âge d’or.
Laurent Jaoui est un journaliste. Il démarre sa carrière chez Europe 1 dans les 90’s et fera un passage sur France 2 où il collabore à l’émission Stade 2. Lorsqu’il ne se passionne pas pour le sport, il s’intéresse à la musique et au cinéma. C’est ainsi qu’il finit par nous raconter l’histoire du Château d’Hérouville dans ces quelques pages.
Le livre se présente en plusieurs parties. La préface écrite par Benjamin Biolay est anecdotique et sert plus de faire valoir, elle a le mérite d’être courte à défaut d’être intéressante. Ensuite 180 pages d’histoire s’ouvrent à nos yeux. On voit défiler des noms connus comme Elton John, David Bowie, Iggy Pop, Jacques Higelin, les Bee Gees ou encore Richie Blackmore, Marc Bolan, Fleetwood Mac, Magma, Bernard Lavilliers, Charlélie Couture etc. Et puis on a aussi ceux qu’on connaît sans le savoir comme l’auteur de J’aime…regarder les filles : Patrick Coutin. Tout ça s’organise autour de deux personnalités. Le châtelain, propriétaire des lieux, Michel Magne qu’on connaît pour avoir composé la musique de nombreux films et pour son caractère festif et Laurent Thibault, véritable intervenant artistique derrière la console dans un premier temps puis gérant à part entière ensuite. On a droit à tout un tas d’anecdotes à propos des artistes, mais aussi à propos du lieu et de ceux qui y ont travaillés à cette époque. Pour illustrer le récit on a 90 photos en noir et blanc qui auraient sûrement méritées un papier plus qualitatif mais qui suffisent à nous replonger dans l’époque.
Un livre d’or de quelques pages vient compléter le tableau en présentant des documents signés par la mains des plus grands artistes de passage dans les lieux. Ensuite, une interview de Laurent par Alain Dister pour un livre qui n’a jamais vu le jour permet d’éclaircir encore quelques détails. C’est la compagne de Michel, Marie-Claude Magne, qui conclura le livre avant de laisser la place à des annexes comme la chronologie, la liste des albums enregistrés au château et un index.
Le ton du livre se veut assez journalistique, donc assez neutre même si on sent un grande admiration pour les protagonistes principaux. On se prend l’envie d’aller visiter le lieu pour voir à quoi il ressemble aujourd’hui et essayer d’imaginer l’époque où Jacques Higelin squattait une dépendance sans chauffage ou lorsque s’y déroulait deux tournages de film pour adulte pendant que des artistes enregistrait dans le studio George Sand. On découvre surtout ce qu’était la musique dans les années 70/80 et on tombe vite dans le jeu des comparaisons avec notre présent si peu festif, si fermé, si terne.
C’est donc un livre très plaisant à lire, qui ne se limite pas à ceux qui travaillent en studio car les aspects purement techniques y sont finalement assez peu marqués. Encore une occasion de devenir nostalgique d’une époque alors qu’on ne l’a pas connue…
Date de sortie : 2022
Livre Poche – 256 pages