Après un an d’absence pour cause de pandémie mondiale, l’événement phare du Val d’Oise « Du Rock Plein Ma Hotte ! » revient pour une 11ième édition, le samedi 4 décembre 2021 au Forum du Vauréal, avec Hover Dust toujours aux manettes. Ils seront accompagnés cette année de Oyster Toaster, Lucie’s, et Pastobal, avec un concept original de ticket d’entrée : donner un jouet neuf d’une valeur d’au moins 5€ pour le Secours Populaire Français. Deux membres d’Hover Dust, Pierre (guitare) et Bertrand (auteur), viennent partager à Melolive quelques détails sur l’histoire de l’événement…

Bonjour messieurs, et merci pour votre présence aujourd’hui ! Commençons par le commencement, comment décrierez-vous Du Rock Plein Ma Hotte ! pour quelqu’un qui ne connaît absolument pas ?

Pierre : Du Rock Plein Ma Hotte ! c’est au moins trois groupes qui viennent bénévolement pour faire un maximum de bruit et de rock au profit du Secours populaire !

Et quelle est la genèse du projet il y a 11 ans ? Est ce vous vous imagineriez que ça durerait onze éditions ?

Pierre : Oula, onze éditions, non ! On espérait que ça dure au moins plus d’une, que la première fonctionne déjà…On était à 2 en sortie de répétition. Bertrand tenait les studios de répétition à l’époque et nous, avec Pierre [NDLR : le batteur d’Hover Dust], on avait un groupe de musique, et on s’est dit comment on peut faire pour mêler à la fois faire jouer les groupes dans le Val d’Oise, parce qu’il y avait très peu de concerts à ce moment-là, et de manière que ça soit bénéfique pour tout le monde, faire une bonne action en même temps. Donc, on a acheté des pizzas comme d’habitude, on a mangé les pizzas, on a gardé les boîtes et on a fait le projet dessus pour ça. Comme toutes les bonnes idées depuis la première édition, en fait ! Mais la première édition était …

Bertrand : Une catastrophe, pour le dire, parce qu’il neigeait !

Pierre : Personne n’a pu venir ! On a annulé à la dernière minute et il n’y avait que les groupes qui étaient présents l’après-midi pour balancer, et qui sont restés pour terminer la soirée parce que de façon, on était coincés dans la salle, on ne pouvait plus sortir !

Bertrand : On est tous restés toute la nuit, quasiment.

Pierre : Mais finalement, c’était peut-être même l’une des plus belles éditions parce que tout le monde était venu avec des jouets, et c’est le principe à la base. Même les artistes ou les bénévoles qui viennent aider viennent avec un jouet. Donc, non seulement ils viennent gratuitement, ils viennent avec un jouet, à chaque fois et tout le temps avec le sourire.

Bertrand : En fait, en gros, la genèse, comme dit Pierrot, est partie de l’idée de mêler la musique du Val d’Oise et une association à qui donner la hotte. Le but du projet, c’est d’être qu’un intermédiaire pour les jouets. On ne veut pas faire la distribution et on veut savoir où vont les jouets. Les premières années, on a tâtonné, avec une première association, mais qui nous a fait faux bond aux dernière minute l’année suivante parce qu’ils étaient sur plein d’autres projet. Du coup, on a essayé de trouver en urgence d’autres associations. Je crois qu’on avait distribué à une partie à une pouponnière et une partie à une épicerie sociale. C’est depuis la troisième année qu’on s’est rapprochés du Secours populaire, avec l’antenne de Conflans [-Sainte-Honorine], car on sait où vont les jouets, comment ils sont répartis. Par exemple, il y a une partie des jouets qui est distribuée directement, comme on peut les imaginer à la fin de l’année aux enfants, et une autre partie qu’ils gardent pour revendre pendant leur brocante. Tous les profits qu’ils vont tirer de cette vente leur permet de financer d’autres actions.

Pierre : Au début ça me choquait de savoir qu’ils revendent les jouets qu’ils avaient gratos, mais après avoir discuté avec eux, et c’est vrai que c’est très important, il y a plein de parents qui veulent quand même payer pour pouvoir acheter le jouet à leurs enfants, même si c’est une somme dérisoire. Donc, du coup, cette brocante est très importante parce que ça permet aux parents qui n’ont pas beaucoup d’argent de pouvoir acheter un cadeau quand même, au lieu de l’avoir gratuitement.

Symboliquement, cela a une importance…

Bertrand : C’est ça, et l’argent qu’ils vont récolter va aussi leur permettre de financer des actions auxquelles on ne pense pas forcément, comme acheter des couches ou des choses pour les enfants, pour des femmes et des hommes seuls, pour des étudiants qui sont dans la difficulté. Avec l’année passée, on sait que c’était compliqué pour tout le monde et encore plus pour les gens dans une situation précaire, et qui ne sont pas ceux auxquels on pense. Une année on avait essayé de faire cette distribution, et franchement, c’est un métier ! Pendant deux ans on a été relayé, car on n’avait plus vraiment le temps de s’occuper de l’événement vu qu’on était sur des projets artistiques qui nous prenaient du temps, par l’équipe du Covent Garden Studios à l’époque, qui a pris le relais et fait le choix de continuer la démarche. On a repris après, une fois que nous pouvions nous réinvestir complètement dans le projet. L’idée de départ vient de Pierrot qui, lui, dans sa jeunesse, connaissait déjà le concept.

Pierre : Oui, on n’a rien inventé ! Le Père Noël est un Rockeur par exemple. Quand j’étais ado, je faisais tous ces concerts-là…. Je trouvais ça cool de pouvoir aller à un concert en offrant un jouet et de faire une bonne action, tout en se faisant plaisir. Pour nous, organisateurs, c’est beaucoup plus sain parce qu’il n’y a aucun argent qui transite. On ne fait que récolter les cadeaux et les retransmettre au Secours Populaire Français.

Bertrand : De temps en temps, il y a des gens qui n’avaient pas de cadeaux qui sont arrivés en voulant donner 10 €, mais on leur disait d’aller acheter deux cadeaux du coup ! Pour entrer, il faut offrir un cadeau d’une valeur de 5 euros minimum, mais si tu veux offrir un cadeau à 3000 euros, tu fais ce que tu veux… Mieux vaut en acheter 600 à 5 euros ! [Rires] On est donc partis d’un souvenir de Pierrot, et du constat que dans le Val d’Oise, il y a peu de concerts caritatifs en plein air avec une scène locale. Cela permet de promouvoir des groupes, et d’avoir une ambiance très familiale.

Pierre : On nous dit souvent que cela permet de fêter le Noël entre potes même, plutôt qu’en famille !

Bertrand : En version plus rock n’roll ! [Rires] C’est toujours hyper bon enfant. Tous les ans, ça nous demande un peu de travail, mais c’est rodé et propre, et malgré les moments de doutes, on est toujours content à la fin des concerts.

En plus, avec l’année que nous avons vécu, le monde associatif a été beaucoup touché par la baisse des dons de citoyens. Est-ce que cette édition revêt un aspect particulier de solidarité ?

Pierre : Il est toujours particulier, parce que tous les ans, on sait que c’est attendu. On nous demande à chaque fois si ça aura bien lieu ! Par exemple, cette année, je suis allé voir la directrice du Forum [du Vauréal], et je n’ai pas eu besoin de lui demander la date car elle m’a tout de suite dit « je sais pourquoi tu viens… »

Bertrand : On s’est rendu compte que les milieux associatifs, caritatifs et culturels sont quand même très liés. Cela donne la possibilité pour des musiciens, des artistes ou des acteurs associatifs et culturels comme le Forum, par exemple, de faire une bonne action tout en étant dans son milieu. Pour cette année particulièrement, ça permet aux groupes de jouer en live, car beaucoup de groupes n’ont pas pu jouer à cause du COVID…Certains se sont mis en pause, ou se sont séparés. Cette année, on a des groupes avec des styles complètement différents et uniquement du Val d’Oise.

Pierre : On s’est aussi rendu compte qu’il fallait absolument que les groupes aient cette même envie, ce même désir que nous, de faire une scène pour ramener un maximum de jouets pour les gamins. On a vraiment bien choisi cette année, car chaque groupe font des actions en plus à côté, comme Pastobal qui organise des événements pour essayer de récolter des jouets en plus… C’est beaucoup plus intéressant que de ramener une tête d’affiche de Paris, par exemple. Je trouve que c’est super important d’avoir des groupes qui s’entendent bien et qui ont le même état d’esprit. On n’est pas là pour jouer juste pour jouer, mais pour la bonne cause.

Bertrand : L’idée est vraiment de penser avant aux enfants, mais bien sûr qu’on veut avoir le maximum de public pour les groupes qui vont jouer, mais aussi pour le Forum, qui a traversé une période compliquée. Tant que la hotte restera énorme !

Les participants doivent amener un jouet neuf, mais peuvent-ils amener des jouets d’occasions ?

Pierre : Oui, tant qu’ils sont en bon état ! 

Bertrand : Et que ça puisse plaire aux enfants ! On récolte chaque année entre 300 et 400 jouets. 

Pierre : Ce qui est génial pour une antenne locale du Secours Populaire Français.

Et cela permet d’aider de manière concrète et direct.

Pierre : Au niveau relationnel, c’est tout aussi incroyable, car les techniciens viennent bosser gratos, avec une équipe un peu plus conséquente fournie cette année parce qu’on va bosser plusieurs jours d’affilés. Cet esprit de solidarité créé des liens forts. Tous les ans, on fait monter les enfants sur scène parce que dans la salle, c’est le seul concert de rock où tu vois des enfants, ce qui est génial ! Les parents viennent avec leurs gamins, ce qui fait un super moment de partage.

Est-ce que vous préparez quelques surprises pour cette édition ?

Pierre : Il y a plein de groupes qui n’ont pas pu venir en entier, donc pour les faire participer, ils vont peut-être venir rejoindre Hover Dust sur scène…

Bertrand : Maintenant que le concept existe, il faut trouver à chaque fois quelque chose renouveler un peu les surprises. Il y a quelques années, on avait offert une guitare, puis une autre année des pulls… Cette année ça sera des invités, parce qu’on a plus de guitares, ni de pulls ! Ou alors on trouve une flûte à bec… [Rires]

Finalement, cet esprit de partage est le principe même de la musique, avec une connexion à l’autre. Une forte générosité se dégage de l’événement !

Pierre : Oui, à la fin on pourra dire qu’on l’a fait, et on l’a fait ensemble.

Bertrand : C’est un travail collectif, parce que participer à des événements associatifs comme celui-ci, c’est plus concret que donner des sous ou deux boîtes de petits pois au Secours populaire à la sortie d’un supermarché.

Pierre : D’ailleurs, ils se reconnaîtront, mais à chaque fois des participants vont donner un coup de main pour, par exemple, ramener les jouets dans le camion. 

Bertrand : Et d’autres pour mettre les cadeaux dans les cartons ! Ça permet aussi à des gens de se rencontrer parce que cette année les groupes sont très différents, donc avec des publics qui ne se connaissent pas forcément. Il y a un noyau de gens qui viennent depuis les premières éditions, dont certains c’est leur seul concert de l’année, comme une tradition. C’est ça qu’on a voulu essayer de mettre en place. C’est un événement très ouvert, où tout le monde, y compris les enfants, peuvent venir.

Vous voyez justement l’évènement continuer à perdurer dans le temps ?

Pierre : On ne le voit jamais continuer, mais on ne nous voit pas nous arrêter. Même si on récolte qu’une dizaine de cadeaux, ça fera autant de gamins heureux.

Bertrand : Bien dit !

On pourrait imaginer que ça aussi inspire d’autres régions, qui voudrait faire exister le concept ailleurs…

Pierre : On a fait quelques concerts dans l’Ouest ces dernières années, et des gens nous disaient « Pourquoi vous ne le faites pas ici ? » Et on s’est demandé justement avec Bertrand si on n’organiserait pas dans les prochaines années. On pourrait imaginer plusieurs événements dans différentes régions, une espèce de mini tournée, avec ou sans notre présence.

Bertrand : Avec Hover Dust, on a eu la chance de pouvoir faire des concerts un peu partout et de voir des gens qui nous suivent, de partout en Ile de France et qui ne sont pas du tout dans notre coin, au fond de la Seine et Marne par exemple, et qui sont très impliqués dans le milieu associatif et qui disaient qu’ils voudraient bien faire l’événement aussi chez eux.

Pierre : Il y avait des gens qui viennent de loin, qui vont venir exprès le 4 décembre [NDLR : date de l’édition 2021], de Bretagne, du Pas de Calais, de l’Est…

Bertrand : On aime bien se mettre aussitôt à des petits défis et essayer. Ca peut être, je vais dire n’importe quoi, l’année prochaine, on le fait à un endroit, puis l’année suivante à un autre…

Un vrai père Noël itinérant !

Pierre : Ouais, ça peut être pas mal. Ça sent la boîte à pizza ! [Rires]

On sent qu’il y a de nombreuses idées qui ont commencé comme ça…

Bertrand : On aimerait bien trouver des partenaires pour pouvoir faire évoluer, trouver des magasins de jouets, ou des petites enseignes locales.

Pierre : C’est ce que je veux c’est trouver les bonnes personnes qui ont le même état d’esprit que le nôtre.

Bertrand : Le partage doit rester la base du concept. C’est vraiment le plus important pour nous. Et c’est pour ça aussi d’Hover Dust est au cœur du projet, car la philosophie du groupe est depuis toujours l’envie de partager.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul événement caritatif auquel vous avez contribué, comme le festival Bazars Baz’arts contre le cancer, le titre Beautiful Lady (Time is precious) sorti en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015… Le rock sert aussi à rappeler les réalités du quotidien.

Bertrand : On n’a jamais voulu se considérer comme un groupe engagé. Il y a des groupes qui sont engagés dans leur vie, dans leurs textes, dans leur manière d’appréhender la musique. Nous, on est d’abord un groupe de rock.

Pierre : Quand tu parles du 13, par exemple, c’est le truc le plus compliqué pour moi parce que cette chanson-là, je l’ai composée et Bertrand l’a écrite parce que ça nous tenait à cœur, et pas du tout pour faire le buzz. C’était plus fort que nous. On a aussi envie de participer au Bazars Baz’arts, qui nous ont d’ailleurs aidés à faire notre événement cette année.

Que ce soit dans la musique produit par Hover Dust ou par vos actions caritatives, ce qui se dégage est une véritable sincérité humaine. Dans vos deux EPs sortis en 2016 et 2018 [NDLR : Hover Dust et That’s the Way respectivement] on sent bien que vous ne vous éparpillez pas, que vous cherchez à sortir des titres qui parlent au public. Quel est l’avenir d’Hover Dust à présent ? Est-ce que d’autres projets sont en perspective ?

Pierre : Et bien en exclusivité pour Melolive, nous partageons qu’un nouveau single va bientôt sortir… avec peut-être un EP ou album derrière ? On ne sait pas encore, en fait. Tout le monde pense que la période avec le confinement a dû être super, un truc faste pour les groupes, mais pas pour nous. Ce n’est pas une fin en soi de sortir un truc tous les 2 ou 3 ans parce que c’est comme ça, donc ça a pris un peu de temps. Là, je pense qu’on est prêt à passer en studio.

Bertrand : On a fait le choix de sortir juste un single parce qu’il y a un morceau qui est là pour le coup très abouti. Il est plus introspectif, avec une intensité différente que ce qu’on a produit jusqu’à présent, car le groupe évolue au fur et à mesure. Il est beaucoup plus travaillé, plus calme que ce qu’on peut entendre d’Hover Dust par moments. On va essayer l’année prochaine de voir, en fonction de l’évolution du contexte de remonter un peu plus sur scène. C’est sur scène qu’Hover Dust se retrouve vraiment dans les morceaux qu’on a créés. Le public est la troisième personne sur scène [NDLR : Hover Dust joue à deux en configuration de concert] et est là aussi pour apporter quelque chose qui va faire une boucle, de redonner de redonner de la pêche.

Pierre : Avec le COVID, t’as moins envie de composer parce que le but de composer, c’est avant tout de pouvoir les défendre sur scène pour pouvoir les partager.

Ce qui revient ici c’est de pouvoir se connecter l’un à l’autre de plein de manières différentes.

Pierre : La musique c’est fait pour être partagé, sinon ça ne sert à rien… sinon je fais de la musique dans ma chambre et j’écoute moi-même au casque.

Bertrand : Nous avons ce besoin d’interaction qui se nourrit de l’action du public. Le fait de remonter sur le fait de remonter sur scène régulièrement, ça offre cet échange et ça nourrit la suite. 

Pierre : C’est pour ça qu’on essaie toujours de faire des premières parties, car c’e moment du concert qui est important pour nous, vu qu’après tu peux discuter avec tout le monde.

L’événement est donc bien à votre image, ce n’est pas juste un concert avec un vernis de Noël, mais au contraire, un projet avec une vision, une envie de se regrouper. Merci beaucoup, Bertrand et Pierre, pour votre temps et votre générosité avec Melolive ! Un mot de la fin ?

Pierre : Chaussettes ! C’est toujours le mot de la fin [Rires]
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