… the place to be ou l’hystérie collective d’un réveil gigantesque ! Mass Hysteria, célèbre groupe français que l’on ne présente plus, a fêté en grandes pompes ses 30 ans de carrière au Zénith de Paris accompagné de ses frères d’armes britanniques, While She Sleeps. Mélange donc explosif dans cette armée des ombres mise en lumière et furieusement tenace !
WHILE SHE SLEEPS
Il est plus de sept heures lorsque le quintet anglais entre en scène. Reconnu pour son Metalcore équilibré depuis presque une vingtaine d’années maintenant, à la fois incisif mais tout aussi mélodieux sans jamais tomber dans l’ennuyeux ni le fade, c’est observateur que While She Sleeps arrive. Gardons à l’esprit qu’un des objectifs reste de conquérir les cœurs venus principalement pour la tête d’affiche en cette soirée de festivités mais qu’en dépit de quelques sièges vides en gradin, la fosse est déjà remplie – ce qui est bon signe, et le Zénith verra sa jauge atteinte. Ainsi, notez que pour un groupe d’ouverture, au-delà sûrement d’être « une première partie », et pour un style paraissant être aux antipodes de ce que proposent les cinq furieux originels, le public sera là en masse (!), ce qui atteste d’une certaine forme de curiosité et de respect qu’il est important de mentionner car encore trop rare.
Jouant donc des titres de leur dernier album, SELF HELL, comme de leur fameux You Are We ou de SO WHAT?, While She Sleeps tarde malgré tout à emmener le public avec lui. Ce n’est que progressivement, encore, et après quelques morceaux d’une setlist s’étalant sur une heure, que la foule est en liesse. Des headbang ne se font pas prier – mention spéciale à ma cervicale qui ne me lâcha plus du week-end, et la fosse, que dis-je, cet agglomérat complètement fou, s’enthousiasme dans des pogos et circle pit à n’en plus finir. De sorte que nous pouvons vous l’affirmer : c’est ça WSS en live, et ça l’a toujours été. Continuant alors sur leur lancée, les membres eux-mêmes sautent partout, hurlent, et semblent heureux de partager la soirée avec leurs nouveaux acolytes français, les remerciant à plusieurs reprises. Comme quoi, l’amitié franco-anglaise est possible… bienvenue à la not Guilty Party !
MASS HYSTERIA
C’est alors qu’après une demi-heure d’attente, et cachés derrière l’immense kakemono pourvu de leur logo noir sur fond blanc, les cinq chevaliers de l’Hystero-Apocalypse apparaissent, avec les premières notes de Positif à bloc se faisant déjà entendre ; un groupe n’a jamais aussi bien porté son nom qu’à l’instant même où le concert pris vie. En effet, et déterminés à marquer les esprits pour leur troisième décennie consécutive, Mouss, Yann, Rapha, Jamie et Fred de Mass Hysteria n’y allèrent pas crescendo, non, mais décidèrent de tout exploser sur 2h devant plus de 4000 personnes. Passons donc au présent et tentons de retranscrire cette ambiance hors du temps.
C’est donc sur World on Fire que le quintet français est de suite rejoint par Niko Jones du groupe Tagada Jones – attendez-vous à un ballet artistique ce soir ! Avec une scénographie pyramidale rassemblant écrans en fond, mains entrelacées au-dessus, de grands « M » et « H » avec drapeaux chevaleresques au sens d’éveil – de grand réveil (!) sur les côtés et du feu en prime, le décor est alors parfait pour que le spectacle se déroule sous les meilleurs auspices et qu’il soit merveilleusement retransm(cr)it à la télévision. Allons donc, le public l’a déjà bien compris et s’affaire à communier avec le groupe. Virevoltant aux rythmes des guitares aiguisées, de la batterie saillante et d’une basse qui parfait, l’auditoire présent ce soir se déchaîne, enlevant ses chaînes de toutes enclaves superficielles sur les conseils et recommandations de Mouss, le chanteur bienveillant, pour une osmose durable. Les titres défilent et celui-ci ne décline pas, au contraire, allant jusqu’à chanter P4 directement depuis la fosse tout en étant accompagné par un gigantesque circle pit.
« La joie comme vengeance » est bien évidemment abordée comme d’anciens classiques tels que Failles, Donnez-vous la peine ou encore Intérieur à revoir avec Olivier Coursier au piano, compère de longue date qui n’avait pas foulé une scène commune depuis le début des années 2000. La profondeur du concert se voulant être à plusieurs niveaux est alors significative et l’on comprend qu’il est question d’une soirée d’exception. L’émotion est donc de rigueur et n’échappe pas à Jamie qui, lors d’une brève élocution, ne peut retenir ses larmes tant l’émoi le saisit. Mais la révolte continue et le réveil des consciences, comme écrit précédemment dans la chronique de leur dernier album Tenace (pt.1 et pt.2), laisse place au soulèvement. L’enfer des dieux fait un tapage, littéralement, grâce à tous ces poings levés et clapping repris à l’unisson avant que ne survienne le rappel et une vidéo commémorant l’histoire des français. Car oui, manque à l’appel au sein de ce panel d’émotions, celui de la nostalgie, évidente pour ces 30 ans d’existence. Des images d’archives nous font face comme des échanges inédits et un hommage à Stéphan Jacquet, allias « Titou », bassiste fondateur de Mass Hysteria. La vie n’a pourtant pas dit son dernier mot car après une reprise collective du titre Roots Blody Roots de Sepultura entre le groupe, Vithia de Rise Of The Northstar et Loz de While Whe Sleeps, c’est sur Furia que Mouss invite les enfants à monter sur scène dans la plus grande des noubas. La consécration se termine enfin par Plus que du metal et des remerciements collectifs mais également individuels, tournés vers la fille du frontman ainsi que de Mehdi, le manager émérite du groupe depuis puis de 10 ans, fêtant tous deux leur anniversaire à une journée d’intervalle.
Que dire de plus si ce n’est que ces festivités furent réussies et qu’après plus de 30 ans à faire résonner leur son contre vents et marées, la grande famille des furieux de Mass Hysteria ne cessera de s’agrandir car indéniablement tournée vers l’avenir et profondément chaleureuse.
Photographies : VPhotographie
Textes : Sartemys